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Les Vieux Trucs

19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 14:33

On est en plein dans cette période maudite que nous z’autres, petit peuple de province, redoutons par-dessus tout : la transhumance estivale du parigot.

Des hordes blafardes de parisiens épuisés vont déferler dans tout l’hexagone, fuyant pour quelques jours la puanteur polluée et le paysage maussade de la capitale. Aux yeux des provinciaux, ils ont tous l’air pareils, mais si on y regarde bien, on s’aperçoit que plusieurs types se dégagent.

 

1/ le parigot m’as-tu-vu :

L’important pour lui n’est pas, n’a jamais été, et ne sera jamais de passer de bonnes vacances et de rentrer reposé. Non, ce qui l’intéresse c’est d’en mettre plein la vue à tout le monde, sur place et au retour. Il choisit donc de partir dans des lieux à la mode : Saint-Trop’, Cannes, Biarritz… où il loue très très cher des logements très très petits, afin de passer 15 jours encore plus entassé qu’il ne l’est le reste de l’année. Pendant un an, il se prive de tout, ne sort pas, ne dépense rien afin de pouvoir l’été gagner le privilège de lâcher un mois de salaire pour entendre le chien de ses pairs hurler la nuit, leur bébé pleurer, sentir sur ses vêtements l’odeur des sardines de leur BBQ de la veille, voir leur linge sécher sous ses fenêtres.

Mais il a l’impression de faire partie des grands de ce monde, même s’il a bien failli égorger ses gosses après avoir dû passer une journée entière à les écouter geindre, à 5 dans 25 m², pour cause de pluie. Pas grave, il pourra frimer au bureau en racontant qu’il a déjeuné avec Kate Moss (même si en réalité il a juste bu un café dans un resto chic d’où elle est partie au moment où il entrait).

Il oublie juste un détail : les vrais grands de ce monde fuient la foule et ne vivent pas dans des cages à lapins. Il ne sera donc jamais crédible, le pauvre.

2/ le parigot bobo :

Les plages noires de monde où ses congénères entretiennent soigneusement leur cancer de la peau et leur obésité à grand renfort d’oubli de crème solaire et d’achats de beignets, très peu pour lui.

Ce parigot-là a fini par se laisser influencer par les reportages régionaux du 13h de Pernaut, et ne jure que de retour à la nature, la campagne, les petits oiseaux, l’authenticité. Il loue des mas, des bergeries, des burons, n’importe quelle vieille baraque délabrée du moment qu’elle est au milieu de nulle part et ne porte pas un nom aussi simple que ferme ou maison, ce qui a tout de suite moins de classe (oui, le parigot bobo est un peu snob). Il trouve charmant de devoir prendre la voiture et faire 12 kms chaque matin pour aller acheter la baguette et les croissants du petit déjeuner, se sentant un peu dans la peau de l’homme préhistorique allant chasser le mammouth pour nourrir sa famille. Il évoque même la possibilité de s’installer là pour toujours et feuillette les journaux gratuits immobiliers, des rêves plein la tête. Bien sûr, il déteste qu’on le ramène à la réalité en lui rappelant que la jolie route bucolique et déserte menant à son havre de paix est enfouie sous 2 mètres de neige de novembre à avril, et que la ville la plus proche susceptible de lui permettre de trouver un emploi est à 45 kms.

Sur les marchés, il frétille devant les pots de confiture et se pâme devant tout ce qui porte la mention « produit du terroir », « bio » ou « fait à la ferme », même s’il le paye le double du prix. Et pour peu qu’en plus l’étiquette soit écrite à la main, c’est l’orgasme devant l’étal du marchand.

 

3/ le parigot romano :

C’est le gitan des temps modernes, le nomade des fins de semaine. Sitôt que sonne le début des encombrements du vendredi après-midi sur le périph, il monte dans sa roulotte, heu sa voiture, et fout le camp. Deauville au printemps et à l’automne, les Alpes l’hiver, Châteauroux, Brest, Albi, Royan, peu importe. Il épluche son arbre généalogique afin de trouver de lointains cousins à qui rendre visite. Il est partant pour toutes les fiestas entre amis à la campagne. N’importe quoi du moment qu’il peut s’éloigner de Paris le plus possible et le plus souvent possible. On en a tous un dans nos amis ou la famille, à qui l’on rêve de dire STOP ! Arrête de débarquer chez moi tous les 4 matins sous prétexte que le 2e mari de ta grand-mère était le cousin germain de la cousine de mon arrière-grand-père !

Mais impossible de le rejeter, le parigot romano a le cœur sur la main, vous invite au resto, insiste pour participer à tous les frais, et amène des cadeaux pour les gosses.

Son trait de caractère le plus étonnant est quand même qu’il clame à qui veut bien l’écouter qu’il est impensable de vivre loin de Paris, que c’est là que tout se passe. Sachant qu’il y passe en moyenne 2 week-ends par an…

4/ le parigot voyageur dans le temps :

Pour une raison inexpliquée, ce mec s’imagine que chaque kilomètre qui l’éloigne de Paris est aussi une année de retirée. Ainsi, s’il part à 300 bornes, il s’attend à trouver la vie telle qu’elle était en 1713. Il a des fantasmes étonnants qui lui font croire que dans un village tranquille la supérette sera une cabane de rondins de bois, et qu’il trouvera dedans des tonneaux de farine, d’huile, de sucre… dans le genre de la petite maison dans la prairie. Il est sincèrement étonné de voir que même à Romorantin il y a l’ADSL et que le tout à l’égout existe en Alsace.

Il comprend dès le premier matin pourquoi la propriétaire de la location l’avait prévenu au téléphone qu’il allait tomber en plein sur les moissons et que ça ne risque pas de le déranger ? Là où il s’imaginait une dizaine de paysans en chapeau de paille suivant tranquillement une charrette tirée par un solide percheron, il a droit à une moissonneuse batteuse faisant un raffut de tous les diables.

Il lance « bien le bonjour mon brave » en entrant dans un commerce et ne comprend pas les regards interloqués qu’il reçoit en retour.

Ce parigot ne fait pas de mal et fait même plutôt rigoler, avec son perpétuel air de ravissement et d’étonnement.

5/ le parigot tête à claques :

Qu’on se le tienne pour dit une bonne fois pour toutes : il est de Paris, donc forcément infiniment supérieur au reste du monde. Il sait tout, sur tout, il a toujours raison, et tout lui est dû. Et cet état de fait lui octroie le droit inaliénable de faire des réflexions à la con en permanence, de critiquer, d’user et abuser du sarcasme.

Et, bien sûr, l’autochtone qui lui fait face n’a d’autre choix que de courber l’échine et de répondre « oui, bwana, tout de suite bwana ».

Toutes ses phrases commencent par « nous, à Paris… ».

 

Mais ce qu’il ne sait pas, c’est que pendant toutes ses vacances, les gens qui le servent crachent dans son steack-frites, lui refilent des abricots véreux et lui refilent des fausses pièces en guise de monnaie. Bien fait !

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