31 octobre 2008
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15:06
c'est hallucinant le nombre de fois dans une semaine type où l'on doit transiger avec notre propre sens de la vérité. tout ça parce que la plupart du temps, on a affaire à des cons parfaits, mais que la situation ne nous permet pas la franchise.
c'est la vendeuse qui affirme avec un sourire crispé que oui, madââââme, cette robe vous va à ravir. la patronne la guette du coin de l'oeil, et elle doit faire du chiffre. pas question dans ces conditions d'avouer à la cliente qu'elle est affreusement boudinée, et qu'elle ressemble à la mère de dumbo qui se serait glissée par erreur dans un vêtement d'eva longoria. ça démange furieusement la petite vendeuse de diriger la cliente vers quelque chose de moins moulant et nettement plus seyant. mais la robe qu'elle vient de passer est la plus chère de la boutique, alors...
c'est la maîtresse de maison qui assure que ce n'est rien quand le petit démon hurleur et complètement taré qui sert de progéniture à ses invités brise le vase qui était la seule chose qui lui restait de sa mère-grand, morte dans d'atroces souffrances dans l'incendie de sa maison. elle adorerait tordre le cou de ce petit monstre et de le balancer par la fenêtre après lui avoir arraché tous les ongles. mais elle se contente de refaire passer la coupelle d'olives.
c'est l'institutrice dont chaque terminaison nerveuse se hérisse au vu de la façon dont tel papa d'élève parle de son fils. c'est rien qu'un merdeux qui arrivera jamais à rien d'autre qu'à faire chier son monde ! il parle pendant les infos et gueule si je lui en fous une. la maîtresse fantasme des tortures raffinées qu'elle pourrait infliger à ce gros plein de soupe qui n'est même pas assez humain pour prendre conscience qu'il a malencontreusement engendré une merveille de sensibilité et d'intelligence. elle tait sa fureur, et sourit, pour avoir une chance d'obtenir l'autorisation que le gamin s'inscrive à la médiathèque et puisse découvrir le monde de culture dont il est si cruellement privé.
c'est le cadre supérieur qui accepte sans sourciller de bosser ce week-end pour boucler ce dossier si important. il n'est en effet pas question pur le PDG que la production ultérieure de crèmes pour les mains à la vitamine B-truc prenne le moindre retard. c'était pourtant le week-end de la dernière chance, il devait s'envoler pour florence avec sa femme, pour tenter de sauver leur mariage. s'il va à florence il gardera sa femme, mais perdra son job, et à 45 ans, comment retrouver quelque chose qui offre à madame le niveau de vie auquel elle est habituée ? s'il travaille, il garde son job, mais perdra sa femme.
c'est la petite mamie qui se laisse dépasser dans la queue à la poste par ce grand gaillard pathibulaire qui lui passe devant en la regardant droit dans les yeux. elle aimerait bien être jackie chan et lui balancer quelques mandales dans la gueule, pour lui apprendre quelques vérités élémentaires que ses parents ont oublié de lui inculquer dans son enfance. si au moins elle savait pouvoir compter sur l'appui des autres personnes présentes, elle hasarderait une remarque de sa petite voix acidulée. mais les choses étant ce qu'elles sont, elle se tait, et patiente plus longtemps, bien que la station debout prolongée lui soit un supplice.
c'est l'homo qui voudrait pouvoir crier à la face du monde qui il est vraiment, et ne plus avoir à s'occuper des autres et de leur intolérance, et qui s'entend accepter l'invitation de sa mère pour le dimanche suivant. même s'il sait qu'on va encore essayer de lui coller dans les pattes une blonde quelconque, fille du boulanger ou cousine d'une collègue de travail. il va supporter les blagues racistes et homophobes de son père, les remarques étriquées de sa pharmacienne de soeur, ignorer poliment l'alcoolisme qui empire de l'oncle jean, sourire gentiment mais avec distances à la candidate. rien que pour faire plaisir à sa maman.
je vous ai bien plombé le moral ?
toute dissemblance avec le moi que vous connaissez n'est que normale, je suis passée du côté obscur.
c'est la vendeuse qui affirme avec un sourire crispé que oui, madââââme, cette robe vous va à ravir. la patronne la guette du coin de l'oeil, et elle doit faire du chiffre. pas question dans ces conditions d'avouer à la cliente qu'elle est affreusement boudinée, et qu'elle ressemble à la mère de dumbo qui se serait glissée par erreur dans un vêtement d'eva longoria. ça démange furieusement la petite vendeuse de diriger la cliente vers quelque chose de moins moulant et nettement plus seyant. mais la robe qu'elle vient de passer est la plus chère de la boutique, alors...
c'est la maîtresse de maison qui assure que ce n'est rien quand le petit démon hurleur et complètement taré qui sert de progéniture à ses invités brise le vase qui était la seule chose qui lui restait de sa mère-grand, morte dans d'atroces souffrances dans l'incendie de sa maison. elle adorerait tordre le cou de ce petit monstre et de le balancer par la fenêtre après lui avoir arraché tous les ongles. mais elle se contente de refaire passer la coupelle d'olives.
c'est l'institutrice dont chaque terminaison nerveuse se hérisse au vu de la façon dont tel papa d'élève parle de son fils. c'est rien qu'un merdeux qui arrivera jamais à rien d'autre qu'à faire chier son monde ! il parle pendant les infos et gueule si je lui en fous une. la maîtresse fantasme des tortures raffinées qu'elle pourrait infliger à ce gros plein de soupe qui n'est même pas assez humain pour prendre conscience qu'il a malencontreusement engendré une merveille de sensibilité et d'intelligence. elle tait sa fureur, et sourit, pour avoir une chance d'obtenir l'autorisation que le gamin s'inscrive à la médiathèque et puisse découvrir le monde de culture dont il est si cruellement privé.
c'est le cadre supérieur qui accepte sans sourciller de bosser ce week-end pour boucler ce dossier si important. il n'est en effet pas question pur le PDG que la production ultérieure de crèmes pour les mains à la vitamine B-truc prenne le moindre retard. c'était pourtant le week-end de la dernière chance, il devait s'envoler pour florence avec sa femme, pour tenter de sauver leur mariage. s'il va à florence il gardera sa femme, mais perdra son job, et à 45 ans, comment retrouver quelque chose qui offre à madame le niveau de vie auquel elle est habituée ? s'il travaille, il garde son job, mais perdra sa femme.
c'est la petite mamie qui se laisse dépasser dans la queue à la poste par ce grand gaillard pathibulaire qui lui passe devant en la regardant droit dans les yeux. elle aimerait bien être jackie chan et lui balancer quelques mandales dans la gueule, pour lui apprendre quelques vérités élémentaires que ses parents ont oublié de lui inculquer dans son enfance. si au moins elle savait pouvoir compter sur l'appui des autres personnes présentes, elle hasarderait une remarque de sa petite voix acidulée. mais les choses étant ce qu'elles sont, elle se tait, et patiente plus longtemps, bien que la station debout prolongée lui soit un supplice.
c'est l'homo qui voudrait pouvoir crier à la face du monde qui il est vraiment, et ne plus avoir à s'occuper des autres et de leur intolérance, et qui s'entend accepter l'invitation de sa mère pour le dimanche suivant. même s'il sait qu'on va encore essayer de lui coller dans les pattes une blonde quelconque, fille du boulanger ou cousine d'une collègue de travail. il va supporter les blagues racistes et homophobes de son père, les remarques étriquées de sa pharmacienne de soeur, ignorer poliment l'alcoolisme qui empire de l'oncle jean, sourire gentiment mais avec distances à la candidate. rien que pour faire plaisir à sa maman.
je vous ai bien plombé le moral ?
toute dissemblance avec le moi que vous connaissez n'est que normale, je suis passée du côté obscur.