« Veuillez composer votre code confidentiel à l’abri des regards indiscrets ».
Cette phrase, et toutes ses variantes, que l’on lit au quotidien, me donne des sueurs froides.
Sincèrement, combien de fois par mois vous arrivez à réellement composer votre code à l’abri des regards indiscrets ?
Personnellement, je ne pense pas que ça me soit déjà arrivé (à part une fois où j’ai introduit ma CB dans un automate d’hôtel pour avoir une chambre à 4h du mat’ en sortant de boîte très bien accompagnée, mais cela est une autre histoire).
Prenez les distributeurs par exemple. Pour réussir à composer son code en toute sécurité, il faut pouvoir être sûr que nul regard perçant ne se faufile par-dessus son épaule. Ce qui implique de mesurer un minimum de 1m85, et avoir une largeur de torse d’environ 90 cm. Là, ok, pas de souci : non seulement la totalité du distributeur est cachée aux regards, mais de plus, faudrait vraiment être con pour essayer de regarder le code quand une masse pareille est devant soi. Con ou suicidaire. Vu que même s’il agit principalement de graisse, un coup de patte d’ours, ça fait mal. Moi, quand je vais au distributeur, n’importe qui peut voir par-dessus mon épaule, à gauche, à droite, pas de lézard. Et comme je suis toujours à moitié dans la lune, aucun risque que j’entende un citoyen mal intentionné s’approcher derrière moi. Il faudrait faire des distributeurs sous forme de petites cabines individuelles, blindées, où on ne peut entrer qu’un par un. Ce qui poserait problème pour les mères avec poussettes ou les gens qui promènent leur chien. Il faudrait alors prévoir des cabines de « consigne » où les mettre en attendant que le code soit composé, l’argent tiré, et n’oubliez pas vos billets en partant. Pas très pratique quand même.
Dans les supermarchés, en caisse, c’est pas mal non plus. Allez donc composer votre code, alors que les gens derrière vous n’ont RIEN d’autre à faire que de laisser traîner leurs regards indiscrets sur le clavier de la petite machine. Bon, l’avantage c’est qu’ils ont aussi leurs courses à payer et à ranger, et qu’ils ne vont donc pas vous courir après pour vous arracher la CB, ils n’attendent en fait qu’une chose, c’est que vous payiez et vous barriez pour pouvoir rentrer à la maison avant le début de Secret Story. Enfin, LA PLUPART DU TEMPS…
Parce que les probabilités sont formelles : un jour, vous tomberez sur un gus à la mémoire d’éléphant, qui mémorisera votre code associé à votre visage, et que vous recroiserez un jour dans une ruelle sombre. Et il vous piquera votre CB, videra votre compte, et jamais la banque ne vous croira vu que l’agression aura lieu en dehors de la portée des caméras de surveillance, et vous serez ruiné, triste, vous sombrerez dans l’alcoolisme et la prostitution. Tout ça par la faute d’un simple regard indiscret, alors qu’en plus le jour où votre route aura croisé celle de l’infâme voleur, vous n’aviez acheté que 3 fois rien, et que ça aurait pu attendre le lendemain.
Que ce soit au distributeur ou à la caisse, vous ne pourrez vous en prendre qu’à vous-mêmes, vous étiez prévenus : MEFIEZ-VOUS DES REGARDS INDISCRETS !!! On vous le dit, on vous le répète, mais non, vous, naïfs insouciants que vous êtes, vous continuez à pianoter négligemment les 4 chiffres fatals sans faire attention.
Le seul moment où vous verrez quelqu’un détourner pudiquement les yeux de votre main qui tapote le clavier, c’est dans les magasins (prêt-à-porter, chaussures, petits commerces…), là où en général n’est pas écrite la phrase qui nous intéresse. L’employée vous tend le zinzin et regarde ailleurs. C’est con, vu que c’est sans doute les seules fois où on peut raisonnablement penser qu’on ne court aucun risque, les seules fois où on pourrait même chuchoter le code à l’employée et la laisser le taper pour nous. Les vendeuses ont autre chose à faire que d’apprendre par cœur les codes des clients, pour peu qu’on soit en période de soldes, ou un samedi après-midi (et puis souvent, elles sont blondes et pas bien futées, hein). Ben non, elles tournent ostensiblement la tête, cachez ce code que je ne saurais voir.
Moi j’ai développé une stratégie : un casque avec des rétroviseurs pour les distributeurs, et un poncho opaque que j’enfile jusqu’au front pour les supermarchés. Et ça marche ! La preuve : personne ne m’a jamais piqué ma CB.