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Les Vieux Trucs

18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 15:45

Imaginons qu'un jour vous ayiez envie de passer un petit coup de fil à votre cousin germain Germain (ne rigolez pas, il y a forcément en ce bas monde des types nommés Germain et qui sont cousins germains d'autres personnes).

Manque de bol, Germain a trop bu la veille, il a dégobillé tout partout sur sa belle chemise blanche, et il est parti au pressing.

Ca sonne, mais il ne répond pas, et après quelques sonneries, le répondeur s'enclenche.

"Bonjour, vous êtes bien chez Germain. Je suis absent pour le moment. Laissez un message après le bip sonore, je vous rappellerai dès que possible.

Le problème c'est que vous ne savez rien des déboires vomissants de Germain, et vous ne savez pas combien de temps va durer son moment d'absence. Et donc vous ne savez pas dans combien de temps rappeler.

Que faire ? Rappeler toutes les 5 minutes jusqu'à ce qu'il décroche ? Mais dès que le répondeur s'enclenche, la communication devient payante. Si Germain met 2h à rentrer, ça va vous coûter cher ! D'un autre côté, si vous attendez trop, vous allez oublier de rentrer.

Il faut dire aussi que Germain ne fait pas beaucoup d'efforts ! Il pourrait actualiser son message de répondeur, à la façon des statuts facebook.

"Bonjour, vous êtes bien chez Germain. Il est 13h52, je file au pressing, et comme ça caille je ne vais pas traîner. Je devrais être rentré vers 14h21"

Là au moins on sait à quoi s'en tenir !

Maintenant, vous pouvez aussi vous contenter de lui laisser un message lui demandant de vous rappeler (sur votre portable, comme ça, ça lui coûte plus cher, ça lui apprendra à ne pas être chez lui quand vous appelez, le con !).

Profitez-en pour lui faire remarquer que le bip sonore n'existe pas, qu'il s'agit plutôt d'un hiiiiiiiiiiiiiii sonore. Il faut être précis pour être crédible.

Vous avez aussi un bon moyen de savoir quelle importance il vous accorde en fonction de l'heure où il vous rappelle. S'il vous dit qu'il était juste au pressing, mais qu'il a mis 2h à vous rappeler, on peut le traduire par un manque d'intérêt complet pour ce que vous avez à dire.

Ce salaud devrait changer son message d'accueil.

"Bonjour, vous êtes bien chez Germain. Je suis au pressing pour environ 20 minutes. Laissez un message après le hiiiiiiiii sonore. Je vous rappellerai quand ça me chantera"

 

Admettons que ce que vous avez à lui dire est vraiment urgent, et que vous devez le joindre au plus vite. Par exemple, sa mère va mourir. Vous voyez, quoi, le genre de trucs qui justifie que vous dépensiez quelques centimes pour cet abruti aux messages approximatifs. Vous appelez donc son portable.

Re-répondeur.

"Bonjour, vous êtes bien sur le portable de Germain. Je suis absent pour le moment. Laissez un message après le bip sonore, je vous rappellerai dès que possible."

Il est con ou quoi ??? Il est absent pour le moment, ça ne veut rien dire ! Comment peut-on être absent d'une ligne MOBILE ? Autant avec un fixe, même si c'est flou, ça se conçoit. Mais avec un mobile ? La raison même d'exister des portables, c'est de les emmener avec soi. Si c'est pour les laisser à la maison, où est l'intérêt ?

Il a peut-être peur que le fixe s'ennuie tout seul, alors il lui laisse de la compagnie.

"Bonjour, vous êtes bien sur le portable de Germain. Comme je suis un gros bourrin, je ne prends pas mon portable avec moi. Vous venez donc de payer une communication à 1 bras la minute pour rien. Ne laissez pas de message, raccrochez, ça sera toujours ça d'économisé."

Déjà quand vous étiez gosses, aux repas de famille, vous ne le trouviez pas bien fin. Mais ça se confirme, ce gars-là est bête comme ses pieds. Mais en plus, il est méchant, et s'amuse à vous piéger, à dilapider votre argent durement amassé.

Vous êtes en colère après lui ? Totalement justifié !

Lâchez-vous sur son répondeur (de fixe, hein, de fixe), ça devrait le calmer un certain temps.

"Salut Germain. J'en ai rien à carrer que tu sois un connard d'alcoolo qui gerbe partout. Va donc faire ton fier au pressing pendant que ta mère crève. Dire qu'elle va clamser sans revoir son fils, parce que môsieur trouve ça intelligent de prendre les gens pour des cons sur ses répondeurs. Ah, elle est belle la France avec des fils ingrats comme toi, pauvre type."

 

Il n'a que ce qu'il mérite !

 

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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 20:45

Il y a une expression que j’ai toujours beaucoup aimée, c’est « en ces temps troublés ». il suffit que je l’entende ou que je la lise pour que mon esprit s’évade aussitôt vers les steppes russes ou la fantasy médiévale. Ces quatre mots traînent en leur sillage des bruits de galops de chevaux, d’épées qui s’entrechoquent et de cris de guerre. C’est un aller simple vers le rêve éveillé.

Moi en ce moment, je suis dans des temps troublés. Mais comme de juste, la réalité ne recouvre rien de tout ça.

Je dois gérer le poids des problèmes de santé de mon papa, des soucis avec le club sportif dont je m’occupe, et un chagrin personnel.

Il n’y a pas de preux chevalier dans son étincelante armure qui vient régler mes tracas.

Les bruits qui m’entourent en ces temps troublés sont tout autres.

Il y a les rires de mes fils qui rivalisent de pitreries pour m’amuser.

Il y a le portable qui vibre pour me livrer de doux messages de soutien.

Il y a le ronron de mes chats qui viennent me réconforter.

 

Il y a aussi le sourire et le regard pleins d’adoration de certains de mes petits élèves, qui me suivent partout et me font des petits signes de la main quand je sors fumer ma cigarette à la récréation.

Il y a ces amis, qui me savent rétive aux confidences, qui le respectent, et qui sont là, juste là.

Il y a tous ceux qui d’un geste, d’un mot, d’un message, font que tout ceci est moins dur à porter.

En ces temps troublés, que ferais-je donc d’un preux chevalier ? En ces temps troublés, je ne me sens pas seule, et c’est le plus précieux des trésors.

 

Promis, mon blog retrouvera aussi vite que possible son ton habituel.

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2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 11:50

Essayez un peu de replonger au plus profond de votre enfance, et de trouver les mots que votre maman prononçait le plus souvent. Je t’aime ? Bonne nuit ? Finis de manger ?

Non. Ce que toutes les mamans dignes de ce nom disent le plus souvent c’est « Qu’est-ce qu’on dit ? »

Parce que le comportement social d’un enfant est le reflet fidèle de l’éducation qu’il a reçue, et qu’on va juger s’il a une bonne mère en fonction de ça.

On nous a tous assené des millions de fois cette même petite phrase (assortie ou non d’une taloche selon les familles).

Franchement, quand on est petit, qu’on vit à moitié dans un monde imaginaire, c’est parfois difficile à suivre ! On suit docilement ses parents, on va là où ils nous disent d’aller. Mais la vie est semée de chausse-trappes, qu’il faut éviter. Nous étions tous de mini Lara Croft, occupés à décrypter au quart de tour une situation pour pouvoir s’en sortir vivants.

Entrée dans un magasin, qu’est-ce qu’on dit ?, bonjour madame.

La boulangère nous tend un bonbon, qu’est-ce qu’on dit ?, merci madame.

Sortie du magasin, qu’est-ce qu’on dit ?, au revoir madame.

A table chez mamy un grand coup de soif, qu’est-ce qu’on dit ?, s’il te plait mamy.

Le verre d’eau est servi, qu’est-ce qu’on dit ?, merci mamy.

De temps en temps, le qu’est-ce qu’on dit ? ne nous évoquait rien, impossible de comprendre ce que les adultes attendaient de nous comme réponse. Et ça finissait avec maman qui levait les yeux au ciel en soupirant « ah, les gosses… »

Le pire, c’est qu’on reproduit la même chose avec nos propres enfants. Ils grandissent aussi avec le qu’est-ce qu’on dit ?

Mais comme ils ont les codes, que nous leur avons donnés, ils s’en sortent pas trop mal.

En tant qu’instit, je tombe régulièrement sur des gamins de 3 ans à qui on n’a pas donné les codes, et qui n’ont aucune espèce d’idée de ce que je peux bien leur vouloir. Comme ils ne sont pas sots pour autant, et qu’ils veulent me faire plaisir, ils trouvent toujours un truc à dire.

-         à la cantine, un petit me lance « du pain ! », du ton péremptoire de celui qui n’a pas l’habitude qu’on le fasse attendre. Qu’est-ce qu’on dit ? « beaucoup ! J’ai faim ! »

-         on fête un anniversaire, il y a distribution de bonbons, un petit ne me dit pas merci quand je lui en donne un. Qu’est-ce qu’on dit ? « encore ? » me répond-il la voix pleine d’espoir.

-         Je refais les lacets d’une petite dans la cour. Qu’est-ce qu’on dit ? Elle ne dit rien, ne comprend pas ce que je veux. J’ajoute « et le mot magique ? ». elle hurle à pleins poumons « ABRACADABRA ! »

-         Un petit jette une petite voiture à travers la classe, elle atterrit sur la pommette d’une gamine qui se met à pleurer. Je le sermonne, l’amène devant la petite. Qu’est-ce qu’on dit ? « tu vas avoir un bleu, tu seras moche »

-         Un petit lâche un pet sonore dans la classe. Qu’est-ce qu’on dit ? Il se penche vers son postérieur « tais-toi mes fesses, la maîtresse raconte une histoire »

-         Une gamine passe devant moi au portail un matin, l’air de rien. Qu’est-ce qu’on dit ? « pousse-toi maîtresse, tu me gênes »

-         Un petit rote très fort, faisant rire tout le monde. Qu’est-ce qu’on dit ? « ça fait du bien »

 

Et puis il y a Rayan, chez qui les codes étaient déjà très très ancrés, même à 3 ans. Nous avions fait une galette des Rois. Arrive le moment de la dégustation. Je distribue les parts en expliquant que ce n’est pas bien de gâcher la nourriture, et que si on prend une part, on doit la manger. Les enfants commencent à manger, et se plaignent très vite que la galette n’est pas bonne. Etonnée, je la goûte. POUAH !

Nous avions pris la boîte qui contenait le sel au lieu de celle qui contenait le sucre. Imaginez une galette avec 180 grammes de sel…

Je commence à ramasser les parts de galette, en expliquant qu’on en refera une le lendemain. J’arrive devant mon pauvre Rayan, tout au bout de la classe. Il est écarlate, pleure toutes les larmes de son corps, et a des haut-le-cœur contre lesquels il lutte péniblement. Je lui demande ce qu’il a. Entre 2 sanglots, la bouche pleine, il me dit « tu as dit il faut finir, alors je finis ».

Il avait presque avalé la part entière. Et il n’y avait même pas la fève dedans.

 

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27 septembre 2010 1 27 /09 /septembre /2010 17:06

J’ai eu cet été une discussion longue et agitée avec une amie, à propos des sentiments familiaux.

Son idée c’est que l’on aime nos proches parce que ce sont nos proches, et pas parce qu’ils sont eux. Et qu’en réalité on ne les connaît que peu, voire pas du tout.

Je suis d’accord avec elle dans une certaine mesure.

Qui n’a pas rêvé un jour de pouvoir changer de parents, parce que les siens lui faisaient honte, l’exaspéraient ou étaient tout simplement détestables ?

Qui n’a pas un jour lorgné sur les enfants du voisin, lui enviant ses gamins si parfaits, un jour où les siens étaient particulièrement terribles ?

Qui n’a pas au moins une fois souhaité foutre le camp loin de tonton Robert ou tata Jeannine ?

Tout le monde l’a fait un jour, mais ça n’empêche pas de les aimer quand même.

L’amour d’une mère ou d’un père pour ses enfants est sans doute le plus solide au monde, car il perdure quoiqu’il arrive, et quoi que l’enfant fasse.

Un enfant continuera à aimer les parents les pires, même s’ils le battent ou le violentent.

Heureusement dans un sens.

Déjà que c’est super compliqué de s’y retrouver avec les familles multi-recomposées, imaginez un peu si on pouvait changer de parents, d’enfants ou de cousins en cours de route !

Par contre, je n’étais pas tellement d’accord avec elle sur le fait qu’on ne connaît pas vraiment ses proches. Je n’avais aucun argument précis à avancer, si ce n’est que je trouvais ça très triste. L’idée de passer des années entières à côté de personnes et de ne pas les connaître, ça me fait frissonner.

Et puis, j’ai toujours eu l’impression de bien connaître mes enfants, de pouvoir anticiper leurs réactions, leurs réponses.

Mais du coup, elle m’a mis le doute…

Et voilà que, pas plus tard que l’autre jour, mon plus jeune fils m’a prouvé que ma cop’ a tort.

Nous étions tous les 2 dans un magasin de vêtements, et il discourait sur les Pokémons depuis une bonne dizaine de minutes. D’un coup, sans qu’on sache d’où ça venait, il me sort :

« Tu sais maman, faut pas t’inquiéter, je ferai tout pour que tu n’ailles pas en maison de retraite, pour que tu restes libre chez toi le plus longtemps possible »

(notez au passage l’image ultra-positive qu’un gamin de 10 ans a des maisons de retraite…)

Je lui réponds que c’est très gentil de sa part.

Il me prend alors la main et ajoute :

«Si c’est plus possible autrement, je t’aiderai à te suicider pour que tu n’y ailles pas, tu supporterais pas de ne pas faire ce que tu veux quand tu veux »

Jamais je n’ai évoqué ce genre de choses avec ou devant mes enfants. Mais ça correspond assez bien à ce que je me suis toujours dit.

Hallucinant.

Pas de doute, mes gosses me connaissent par cœur !

 

 

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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 16:48

Les jours sont sombres depuis 10 jours, pas mal de soucis dont je ne suis pas directement responsable mais qui me retombent dessus, du boulot à n’en plus finir, des gens que j’aime qui vont mal, etc…

Mais est-ce que c’est une raison pour broyer du noir et en vouloir à la terre entière ? Assurément, non.

En se focalisant sur le côté positif des choses, je peux garder le sourire.

Je regarde mes framboises mûrir, je profite autant que je peux de ces splendides journées ensoleillées, je savoure le spectacle de mes mômes qui grandissent, j’apprends à connaître mes nouveaux élèves. Remplir le quotidien de petites bulles de lumière pour repousser les ténèbres.

Bientôt, la nuit sera tellement longue qu’on aura l’impression de ne plus voir le jour.

Bientôt, on verra revenir la gastro, le rhume, la grippe.

Bientôt, notre souffle apparaîtra dans l’air.

Bientôt, le bout de nos doigts sera gelé et nos orteils se recroquevilleront de froid.

Bientôt, la pluie nous fera frissonner.

Alors, en attendant, j’essaye d’oublier mon impuissance à venir en aide à ceux qui m’entourent, malgré toute ma bonne volonté.

Et je plonge mon visage dans le linge qui a séché dehors, pour garder en mémoire cette bonne odeur de soleil, de grand air et d’été.

Bye bye Mr Summer ! A l’année prochaine, en espérant que tout le monde ira mieux d’ici là.

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 17:09

Un petit billet de commande, pour une copine dont la fille entrera à la maternelle l’année prochaine, et qui flippe un peu. Elle aimerait bien savoir comment ça se passe, et comment s’y préparer.

Bienvenue dans le l’enfer de la petite section…

 

1/ La préparation :

-         dans les semaines qui précèdent :

une erreur récurrente chez les parents c’est de seriner tout l’été à l’enfant chéri «tu verras, c’est chouette l’école, tu vas bien t’amuser, tu vas te faire plein de copains, et tu auras une gentille maîtresse ». Non, ce n’est pas chouette l’école ! C’est plein de gamins geignards dont l’occupation principale est d’essayer de piquer à l’enfant chéri le jouet qu’il a dans la main. Ça fait peur l’école, c’est un environnement hostile, une jungle aux règles bizarres qu’il faut du temps pour maîtriser. Et pour ce qui est de se faire des copains, ça prend au moins 2 trimestres avant que les gamins soient capables de renoncer à une petite part de leur fabuleux égocentrisme pour s’intéresser pour de vrai aux autres. En plus, la maîtresse n’est pas forcément gentille, ça peut même être une vraie sorcière. Ou pire, un homme ! Se trouver face à un type qui fait 1m80 le jour de la rentrée quand on s’attend à une petite bonne femme, ça n’est pas forcément évident à gérer quand on a 3 ans.

 

-         la veille de la rentrée :

«  tu es grand, pas vrai ? Tu ne vas pas pleurer, ça va aller ». ben voyons, à l’angoisse de se retrouver dans ce monde inconnu, de devoir se séparer de maman, ajoutons donc la culpabilité de ne pas être à la hauteur des espérances parentales si toutefois les larmes sortaient malgré tous les efforts de l’enfant chéri… Je voudrais bien vous y voir vous ! Imaginez un instant votre premier jour de boulot dans une nouvelle boîte : vous ne connaissez personne, toutes les autres personnes sont également nouvelles, vous n’avez aucune idée du job qui vous attend et de ce qu’on attend de vous. Vous ne chialeriez pas un peu, vous aussi ?

 

2/ D-Day :

Chaque enfant chéri est différent, et réagit à l’entrée à l’école selon sa personnalité propre. Malgré tout, quelques catégories se dessinent.

-         les résignés :

même si leur chagrin est grand, et qu’ils n’ont pas du tout du tout envie d’être là, ils ont bien compris qu’ils n’ont pas le choix et qu’ils iront quoi qu’il advienne. Ceux-là lâchent leurs parents, entrent dans la classe sans rien dire et se laissent docilement installer par la maîtresse devant un jeu quelconque. Ils ne disent rien, seul leur regard triste indique la difficulté. Ceux-là, on les retrouve quelques minutes plus tard avec de grosses larmes qui coulent le long de leurs joues, sans un bruit, sans un gémissement.

 

-         les révoltés :

Ils crient, pleurent, hurlent, griffent, mordent, pincent, tapent, se débattent, se jettent par terre… Tous les symptômes d’un être possédé par un démon féroce. Mais non, juste un enfant chéri qui manifeste bruyamment son désaccord. Selon les cas, il vaut mieux les laisser tranquilles dans leur coin en attendant que ça se passe, ou les prendre contre soi pour les câliner jusqu’à ce qu’ils se calment (et se ramasser quelques coups au passage comme cette petite qui m’a flanqué une bonne baffe sur le nez avant-hier, ou celle qui m’a presque arraché le lobe de l’oreille il y a quelques années).

 

-         les angoissés :

Ils ont tellement peur qu’ils se mettent dans des états incroyables, à transpirer à grosses gouttes et à s’en rendre malade. Tout l’art de la maîtresse consiste à deviner le jet de vomi avant qu’il ne sorte pour s’en éloigner à temps. Les angoissés sont des auxiliaires précieux car leur flaque de vomi fascine les autres, qui en oublient de pleurer, et qui restent hypnotisés à regarder les reliefs du petit-déjeuner qui flottent ici et là. De plus, une fois cette angoisse expectorée de manière spectaculaire, l’enfant chéri angoissé se calme et va jouer comme si de rien n’était. Par contre, au moindre changement de lieu, l’angoisse revient, accompagnée de son nauséabond compagnon bilieux. Pour d’autres, ce n’est pas l’estomac qui trinque, mais les sphincters. Qui ont une joyeuse tendance à se relâcher sur les genoux de la maîtresse.

 

-         les bavards :

Ils sont d’accord pour rester à l’école le temps voulu, acceptent volontiers de participer aux activités proposées et ne pleurent pas. Mais ils ne cessent de parler, de poser des questions, leur petite voix à la limite de l’hystérie en permanence. La maîtresse use des hectolitres de salive à répéter sans cesse : oui, maman va venir, oui, tu vas rentrer à la maison, oui, c’est bientôt l’heure. Malheur à l’instit qui ne répondrait pas ! Les larmes débarqueraient illico.

 

-         les mutiques adeptes du « non » :

Ils ne pleurent jamais, ne font pas de comédie à leurs parents, mais refusent tout ce que la maîtresse leur propose. Ils ne veulent pas faire de dessin, de peinture, de gommettes, de jeux. Non, non, non, c’est le seul mot de vocabulaire qui sort de leur bouche. Ces enfants chéris opposants systématiques sont généralement ceux qui mettent le plus de temps à s’adapter à l’école. Ils écoutent tout, observent tout et enregistrent tout. Ils se tiennent généralement à l’écart des autres, mais ne perdent pas une miette de ce qui se passe. Ça peut prendre parfois jusqu’à plusieurs semaines (voire mois) avant de les apprivoiser. Mais un jour, comme ça, sans prévenir, ils se mettent à parler et à s’intégrer. Une collègue a eu une fois une petite refusant de parler et de faire quoi que ce soit. Elle se contentait d’être là. Au mois de mai, la maîtresse lui dit qu’elle souhaiterait entendre sa voix au moins une fois dans l’année, qu’elle prouve qu’elle sait parler. La gamine la regarde droit dans les yeux et lui dit « Pute ! ». CQFD

 

-         les culpabilisateurs :

Eux, l’école ça les botte. Ils s’éclatent à longueur de journée, et adorent tout ce qu’on leur propose. Mais il ne faudrait quand même pas que leurs parents s’en rendent compte et qu’ils s’en sortent à si bon compte. Après tout, ils les abandonnent honteusement. Donc, au moment de la séparation, ils se comportent comme les révoltés. Et en rajoutent une bonne couche bien épaisse en recommençant le soir dès qu’ils voient leurs parents. Lesquels parents s’en vont le cœur lourd, en larmes souvent, et passent une journée de merde à l’idée de leur enfant chéri si malheureux. Alors qu’en réalité, leur môme retrouve le sourire sitôt la porte refermée. Allez leur faire croire ça, à ces pauvres parents ! Une année, j’en avais une qui me demandait « elle est partie ? » en parlant de sa mère. Et quand je répondais oui, elle allait jouer. Pendant ce temps, la mère se vidait les yeux dans les bras de la dame de service…

 

-         les affectueux :

C’est certain, si maman a confié l’enfant chéri à cette dame, c’est que c’est forcément quelqu’un de formidable. Une deuxième maman. Dès les premières minutes, ces petiots-là transfèrent l’amour immense qu’ils ont pour leur maman sur leur maîtresse. Ils sont sans arrêt à vouloir être sur ses genoux, dans ses bras, à la câliner. Ils la regardent avec des grands yeux énamourés, n’ont qu’un but dans la vie : lui plaire. A tel point que parfois, les mamans sont jalouses, et détestent la maîtresse proportionnellement à l’amour que l’enfant chéri lui porte. C’est ainsi qu’au fil des ans j’ai eu droit à de grandes déclarations, à des demandes en mariage, et à une multitude de « je t’aime », « tu es belle, maîtresse ». Rien de tel pour l’ego, surtout les petits matins d’hiver, quand on a une sale gueule, qu’on est fatiguée, malade, et toute décoiffée par le vent glacial.

 

-         les retardataires :

Le premier jour se passe bien, très bien, trop bien. Depuis le temps qu’on leur dit qu’ils vont aller à l’école, ils sont super curieux de voir ce que ça peut bien être. Alors, ils viennent, voient…et se demandent pourquoi ils devraient y retourner. C’est contre toute logique. Quand ils vont au manège, on leur dit qu’un tour c’est suffisant. Quand ils croquent un bonbon, on leur dit qu’un seul c’est suffisant. Quand ils regardent un DVD, on leur dit qu’un seul c’est suffisant. Alors pourquoi est-ce qu’un seul jour d’école ne serait pas suffisant ? Imparable ! Ils s’empressent donc de rejoindre une des catégories précédentes dès le deuxième jour. Hélas.

 

 

Et malgré tout ça, en règle générale, 15 jours après, on a une joyeuse troupe de p’tits bouts souriants, qui entament tranquillement le chemin qui les transformera peu à peu en élèves.

 

Rassurés ?

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 12:38

Un jour, il y a fort longtemps, quelqu’un m’a posé une question.  J’étais alors une petite étudiante au ventre rond. C’était un ami de la fac, cette fac pourrie de la banlieue parisienne, enclavée dans une cité. Nous nous prenions des sacs poubelle et des bouteilles sur le coin du nez, lancés depuis les étages des immeubles, quand nous commettions l’erreur de marcher à découvert.

Ce jour-là, nous étions censés passer l’après-midi en révisions à la bibliothèque. Mais il a posé LA question, et nous avons laissé notre imagination dériver jusqu’à la fermeture (Emmanuel, je te bise).

« Comment tu te vois quand ta fille aura ton âge ? »

Se projeter dans un lointain futur, quand on a 20 ans, n’est déjà pas une chose aisée, mais réussir à tomber juste relève du miracle.

Moi je m’imaginais dans une maison pleine d’enfants (c’est la seule chose qui s’est d’ailleurs réalisée). Mais pas n’importe quelle maison. Une maison qui ressemblerait à celle qui m’a fait flasher dans mon adolescence. Pour la voir, il faut aller dans un petit village berrichon, Charenton-du-Cher. Une fois là-bas, il faut demander dans le village où se trouve la sirène des pompiers. Ben oui, la sirène est fixée sur cette maison. Bien évidemment, dans mes rêves éveillés, point de sirène, hein ! Une vie tranquille, dans une campagne souriante.

L’autre éventualité était un cottage dans la campagne anglaise, à côté de Lymington, petite ville calme quasiment en face de l’île de Wight, à l’orée de la New Forest. Toujours plein d’enfants, du soleil, une odeur de pâtisserie qui flotte et de la farine sur le nez. Des escapades à Southampton ou à Londres de temps en temps.

Est-ce la faute des hormones de grossesse si je me voyais dans le rôle de la mère nourricière ? Je ne sais pas.

Toujours est-il que ma réalité quotidienne 20 ans après, je n’ai pas beaucoup de temps pour les gâteaux. Je vis en ville, je ne pars jamais nulle part, faute de moyens financiers.

Et je suis tombée il y a quelques jours sur la photo d’une maison qui se trouve être la réplique presque exacte de la maison de Charenton. Dedans vit une famille nombreuse, et la femme de cette maison vit en quelque sorte la vie que je m’étais rêvée il y a 20 ans.

Et elle n’en est pas satisfaite.

 

Et dans 20 ans, me direz-vous ?

Plus d’enfants à demeure, une vieille femme solitaire, qui fera des cookies pour les enfants des voisins.

Foutu destin !

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12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 14:22

Moi qui déteste la routine, je suis bien obligée de m’en accommoder, ne serait-ce qu’au niveau professionnel. Des horaires immuables et non discutables.

Du coup, je passe tous les jours aux mêmes endroits, sensiblement aux mêmes heures. Et je vois les mêmes personnes, jour après jour.

Des gens dont je ne sais rien, dont je ne connais pas le nom, mais qui finalement font partie de ma vie.

A mi-chemin, il y a un feu qui pour une raison mystérieuse passe toujours au rouge quand j’arrive. Il est situé à un carrefour, avec un salon de coiffure à ma droite, un bar à ma gauche et 2 banques en face. Devant le bar se trouve une petite place avec des bancs.

 

Chaque matin devant cette place s’arrête un autocar qui fait du ramassage scolaire pour des enfants un peu particuliers : attardés mentaux et trisomiques. Ils sont là, assis sur les bancs, serrés contre leurs parents. Je les regarde, emplis d’amour. Parfois, quand j’ai pris un peu de retard, j’arrive au moment où le car est là. Il bouche le passage, les voitures derrière sont coincées. Ça klaxonne, ça râle. Mais les gosses s’en foutent, ils prennent le temps de bisouiller leur maman ou leur papa. Et le chauffeur ignore royalement les énervés derrière lui. Il a un sourire pour chacun et les aide gentiment à se séparer pour la journée. Cet homme-là est un rayon de soleil.

 

Il y a aussi ce couple de collègues qui prend son petit café avant d’aller bosser. Quand il fait froid, ils sont au comptoir, et en terrasse dès le printemps. Lui est un grand bonhomme à l’air bourru, qui a toujours l’air débraillé dans ses costumes. Un peu comme un paysan qui se déguiserait en homme d’affaires. Elle est toujours vêtue de jupes courtes et de talons hauts, même les jours de neige. De temps en temps, je les vois sortir du café. Il marche devant à grandes enjambées et elle trottine derrière, essayant en vain de rester à sa hauteur. Elle ne sait pas marcher avec ses talons et donne toujours l’impression qu’elle va tomber. Elle tire sur sa jupe, probablement inconsciemment. Une fois, je les ai vus entrer dans un bâtiment, et je sais maintenant où ils travaillent. J’ai envie de leur dire de ne pas s’embarrasser de ces fringues dans lesquelles ils se sentent si mal à l’aise. Mais ils me prendraient sans doute pour une dingue de plus. Ils sont mignons.

 

Il y a la coiffeuse qui passe un coup de balai matinal dans son salon. Elle balaie également le trottoir devant, en pestant après son petit chien blanc qui essaye de choper le balai, et fait mine de se sauver quand elle le menace. Il jappe joyeusement et elle lui sourit. Ça finit invariablement par un déluge de caresses et de coups de langue affectueux.

 

J’aime bien aussi ces 2 jeunes hommes, qui bossent aux 2 banques rivales, mais qui se retrouvent pour un petit café avant l’ouverture. Ils sont toujours tirés à 4 épingles, mais leurs cravates éclatantes ne fait rien pour cacher leurs traits encore enfantins. Ils semblent un peu perdus dans ce quartier populaire, comme s’ils avaient du mal à faire coïncider la réalité avec ce qu’ils attendaient quand ils étaient encore sur les bancs des amphis. Ils fument avidement leurs cigarettes en terrasse avant d’attaquer une nouvelle journée à essayer d’arranger le désespoir social et financier de leur clientèle.

 

Et puis il y a cette petite mamie, derrière sa fenêtre, enroulée dans un châle de laine de l’automne à l’été, qui regarde la vie passer devant elle, dont elle est définitivement exclue. Elle a les yeux très bleus, très beaux. Et très tristes. J’espère très fort qu’elle a des enfants, des petits-enfants qui viennent la voir le week-end, parce que sa solitude poignante de la semaine me fait comme un petit point de douleur au cœur chaque matin.

 

Il y a cette jeune étudiante frileuse qui attend le bus après le carrefour, et qui frissonne même quand il fait beau, toujours trop couverte pour la saison. Elle a les mains emplies de livres, elle est jolie, et a toujours l’air d’être ailleurs, perdue dans ses rêves.

 

Il y a cette roumaine sans âge qui fait la manche à l’entrée du petit supermarché un peu plus loin. Elle ne dit rien, ne demande rien, elle attend. Et quand je passe à pied le midi, elle va fumer un peu plus loin, sans jamais croiser aucun regard. Sa peau est burinée comme celle d’un vieux marin, et pourtant, à sa façon, elle est belle, comme une fleur inattendue et délicate qui pousse au milieu d’un tas de fumier.

 

Jamais sans doute je n’en saurai plus sur eux. Et pourtant, s’ils venaient à ne plus être là, ils me manqueraient. Tous.

Parce que le temps que je passe à rêvasser sur leurs vies est un sas qui me permet d’attaquer ma propre journée plus volontiers.

Merci à eux.

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 21:12

Il y a quelques jours, nous, les femmes actives, avons bien rigolé sur le dos des mères au foyer indignes. Une minorité, rappelons-le.

Il n’aurait pas fallu trop rigoler, car notre tour arrive…

Il est sans doute temps de se moquer un peu de leur inverse : les mères actives qui n’ont de mère que le nom.

Ben oui, ça marche aussi de l’autre côté de la barrière.

Ces mères-là se réfugient derrière le prétexte d’une vie active pour honteusement délaisser leur métier de maman.

 

1/ Leur progéniture doit attendre l’âge canonique de 14 ou 15 ans pour apprendre que la vie en meute n’est pas une obligation : garderie, cantine, études, centre aéré, colos… Ces enfants sont en collectivité 12h par jour, 5 jours par semaine, 52 semaines par an. Oui, 52 semaines ! Car pendant les congés de cette maman indigne, les mômes sont collés sans pitié au Club Mickey pour que maman fasse en paix le lézard sur la plage. Les seuls moments où ils peuvent éventuellement échapper à la collectivité inconnue, c’est quand maman part se reposer une semaine en république dominicaine et qu’ils sont lâchement abandonnés chez papy –mamy. Manque de bol, il y a toujours les cousins et cousines.

 

2/ Leur progéniture fait tout en dehors de leur présence. Premier pas, premiers mots, première rentrée, premier spectacle de danse, premier championnat de judo… Tous ces moments fabuleux se font sous l’œil attendri et humide de nounous, baby-sitters, filles au pair et autres substituts. A tel point qu’ils sont éberlués d’apprendre un jour que le mot « maman » est censé contenir beaucoup d’amour. Eux, ils pensaient que c’était un synonyme de fantôme. Mais que la mère active ne s’inquiète pas, c’est la voisine qui les emmènera à leur première psychothérapie.

 

3/ Grâce à leur mère active, ces bambins découvrent avec étonnement une courgette dans son habitat naturel en colo à 8 ans, apprennent avec stupeur le concept de « cuisiner » à 12 ans chez la mama de leur meilleur pote d’école, ils sont autonomes très tôt (c’est à dire qu’ils savent dès 5 ans sortir un plat tout fait du congélo pour le passer au micro-ondes), ils prennent conscience que la télé n’est pas une vraie personne très tard, etc… Au moins, ils continuent à s’émerveiller des petites choses de l’existence là où les autres sont déjà blasés. Il faut dire que casser un œuf pour faire un gâteau pour la première fois à 9 ans, c’est rare !

 

4/ L’enfant de mère qui bosse n’a aucune idée de ce que peut être un fer à repasser, et se demande où ses camarades trouvent leurs vêtements tout lisses. Il s’accommode de devoir porter les mêmes chaussettes pendant 3 jours parce que maman préfère aller au yoga après le boulot que de lancer une machine. Il a les orteils tout recroquevillés à force d’attendre 3 semaines que sa génitrice daigne lui racheter des chaussures à chaque changement de pointure. Il arbore des coupes de cheveux toutes plus improbables les unes que les autres, alternant crinières broussailleuses et ratés de tondeuse. Il a une peur panique de l’aspirateur, cet engin bruyant qui n’apparaît que 3 ou 4 fois par an, et est généralement synonyme de ménage en grand et de jouets qui partent à la poubelle.

 

5/ La vie sociale de l’enfant de mère industrieuse est une catastrophe. Plus personne ne l’invite aux anniversaires passé le CE1, car il a la réputation d’arriver en retard (sa mère ne trouvait plus le carton d’invitation enfoui sous 2 semaines de courrier non ouvert), sans cadeau (sa mère n’a pas eu le temps), accompagné d’une mère que personne ne connaît (elle n’est jamais à l’école) et qui toise d’un air méprisant les autres mères (au foyer). Personne n’est jamais invité chez lui puisque sa mère bosse bien assez toute la semaine pour ne pas avoir en plus à se taper 5 gosses excités le samedi merci bien.

 

6/ La vision de l’homme de l’enfant est complètement pervertie vu que sa mère ne cesse de récriminer et de lancer des piques méchantes au père même pas foutu de gagner assez pour lui permettre de rester à la maison à s’occuper des enfants. Que ce petit bout se rassure : ce genre de mère, si elle s’arrête de travailler se transforme illico en mamma geignarde. Ni lui ni son père n’y peuvent rien…

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28 août 2010 6 28 /08 /août /2010 18:21

Alors que se profile de plus en plus précisément le spectre hideux de la rentrée des classes, j’ai de moins en moins envie d’y aller.

Et si je n’y allais pas ? Et si je restais chez moi ? Et si je prolongeais mes vacances ?

Bonne idée !

Il faut juste que je justifie mon absence à tous les niveaux, et à toutes les personnes concernées.

Allons-y…

 

1/ Le grand chef, le plus en haut de la hiérarchie :

 

Monsieur le Président de la République,

 

Vous m’aviez promis que si je travaillais plus, je gagnerais plus. Depuis 8 ans que je suis directrice d’école, je fais en moyenne 20h supplémentaires hebdomadaires, pour lesquelles vous m’accordez royalement 92€ mensuels, soit 1,15€ de l’heure, nets. Je considère que pour ce salaire de misère, j’ai bien droit à une année scolaire sabbatique aux frais de l’état.

En conséquence, je n’assurerai pas mon poste en 2010-2011.

Merci de votre compréhension.

 

2/ Son pote juste en dessous :

 

Monsieur le ministre de l’Education Nationale,

 

Je ne sais plus exactement qui vous êtes, vous changez trop souvent pour que j’arrive à suivre. En plus, vous dites tellement de conneries sur mon métier que je n’ai pas franchement envie de vous connaître.

Cette rentrée scolaire sera ma vingtième.

Vingt ans que je supporte vos réformes idiotes, vos petites phrases assassines, votre incompréhension complète de ce qu’est un enfant.

Vingt ans que je tente de rassurer les parents suite à vos discours méprisants, que j’essaye de concilier la vraie pédagogie avec vos instructions officielles impossibles à mettre en pratique.

Vingt ans que j’enrage de voir que votre soi-disant respect des rythmes de l’enfant est en réalité une façon de respecter les rythmes des parents électeurs et de l’industrie des loisirs.

Alors, avant d’entamer une nouvelle vingtaine, je me permets d’exiger une année de repos, loin de vos élucubrations, et vous propose de venir prendre ma place. Qu’on se marre un peu.

Merci de transmettre ce courrier à votre successeur, qui ne saurait tarder.

 

3/ Encore un cran en-dessous :


Monsieur l’Inspecteur d’Académie,

 

Grâce à votre application disciplinée des injonctions ministérielles, destinées à récupérer de l’argent par tous les moyens possibles pour mieux financer les appartements parisiens des hommes politiques ainsi que toutes leurs frasques, mon métier devient de plus en plus difficile à exercer.

Les classes sont surchargées, les enfants en difficulté ne sont plus aidés par des enseignants spécialisés, les classes sociales défavorisées peuvent aller se faire voir, les enfants qui ne sont pas la progéniture de l’élite n’ont aucune chance de s’en sortir, les enseignants sont surmenés.

Cette année scolaire qui arrive s’annonce aussi pourrie que les 2 précédentes.

Je n’ai pas envie d’affronter la colère des parents dont les enfants n’ont pas de place à la maternelle, ni de devoir justifier que tel ou tel élève en difficulté devra se débrouiller tout seul.

Je vous informe donc de ma non-présence cette année. Vous devriez être content, vous pourrez annoncer aux journaux que les enseignants sont tous des feignants ingérables, grâce à moi.

Merci de ne pas oublier de me faire parvenir une preuve sonnante et trébuchante de votre gratitude, tirée d’une caisse noire quelconque.

 

4/ Ceux que je vois au quotidien :

 

Mesdames et messieurs les parents d’élèves très cons (pas tous, heureusement),

 

Vous me gonflez à toujours vouloir faire à gober à tout le monde que votre progéniture est angélique et parfaite. Si c’était le cas, pourquoi donc essayez-vous toujours de vous en débarrasser le plus possible ?

Vous êtes méprisants, agressifs (parfois physiquement), désagréables, toujours en retard, impolis…

Vous vous foutez royalement de savoir si vos enfants vont bien et s’ils avancent, tant que l’école fait votre boulot à votre place, gratuitement.

Souffrant d’un syndrome de stress post-traumatique à vous avoir fréquentés et supportés pendant vingt ans, je dois suivre une thérapie intensive pendant un an, à base de liberté et d’éloignement de vos sales gueules.

Profitez-en pour réfléchir très sérieusement à la possibilité de vous faire stériliser.

Merci de lire cette lettre entièrement, pour une fois, au lieu de signer sans regarder et prétendre ensuite que vous n’avez pas eu l’info.

 

5/ Celui qui va devoir signer un arrêt de travail d’un an :

 

Docteur,

Je suis en bonne santé, mis à part quelques nœuds dans mon estomac à l’idée de repartir pour un an.

C’est mon âme qui a de multiples bleus, à voir que ceux qui sont notre avenir, et que nous devrions protéger à tout prix, nos enfants, sont chaque année un peu plus sacrifiés par le gouvernement de ce pays.

Mon petit cœur pleure de savoir qu’on oublie toujours qu’une société qui n’aime pas ses enfants est une société qui se meurt.

Mon esprit a mal car il n’est pas assez puissant pour faire changer les choses à grande échelle.

Merci de me donner un an d’arrêt, accompagné d’une ordonnance pour une perfusion d’optimisme, 2 cachets de joie par jour, un patch de confiance et une piqûre hebdomadaire de foi en l’avenir.

Merci par avance.

 

6/ Ceux dont tout le monde se fout :

 

Mes petits élèves que j’aurais dû avoir,

Je suis sincèrement désolée de vous faire faux bond de cette façon. Vous êtes la seule raison qui m’a fait lever le matin pour aller travailler avec le sourire depuis vingt ans. Vos risettes, vos petites mimiques, vos mots d’amour, vos câlins, votre spontanéité, votre innocence sont des trésors, malheureusement souillés par l’égoïsme forcené des adultes.

Je ne peux rien y faire, et ça me défrise. Je ne peux qu’essayer de vous rendre heureux, de vous aimer et de vous enseigner tout ce que je peux. Pour que votre présence en classe soit une bulle de bonheur avant de retrouver le monde hostile.

Et merde, vous allez trop me manquer, j’y vais quand même !

A jeudi, les p’tits loups.

 

 

 

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